Pour que vive la Méthode naturelle telle que Paul Le Bohec la mettait en œuvre
Pour que vive la Méthode naturelle telle que Paul Le Bohec la mettait en œuvre

Tout le monde est gagnant

Courriel de Déborah Dupuy, le 25 mars 2018

Cela fait deux semaines que nous vivons, mes élèves et moi, une incroyable aventure. J’ai abandonné les séances classiques pour les créations et le débat mathématiques.

L’excitation est grande lorsqu’arrive le temps des maths. J’aurais crû que cette excitation allait déconstruire les codes du vivre ensemble, mais au contraire, l’enthousiasme fédère le groupe (élèves et maitresse). Surprenant également, il n’a pas été nécessaire de répéter la consigne. Les enfants ont compris, dès le premier jour, ce qu’ils devaient faire.

Au fil des séances, les interventions timides du début laissent la place à des prises de parole de plus en plus nombreuses. Elles se nourrissent même des débats précédents. Tous les domaines mathématiques sont traités. C’est incroyable !

Les enfants sont étonnés lorsqu’ils réalisent ce qu’ils ont découvert. Je le suis encore plus qu’eux. Jamais je n’aurais pensé aborder avec mes élèves de CM, des notions ou des concepts mathématiques travaillés normalement au collège. Et pourtant c’est le cas et ils en redemandent encore et encore... comme si le débat mathématique libre était un jeu dans lequel les participants, élèves et enseignant, ne pouvaient pas perdre !

C’est le cas de Matthieu ! Élève discret, Matthieu se cache souvent derrière ses copains pour ne pas répondre aux questions de la maitresse. Il zozote, il n’articule pas convenablement et il écrit mal.

Lorsque sa première création a été affichée, pris de panique et persuadé qu’il s’était trompé, il souhaitait que l’on efface tout. Le groupe n’était pas de son avis, moi non plus d’ailleurs ! Les idées ont fusé.

Rarement Matthieu a autant souri en classe ! Tassé sur sa chaise, il se redressait au fur et à mesure des trouvailles des copains. Comme m’a dit Monique Quertier, le groupe le faisait grandir.

Depuis, tous les matins, alors qu’il connait le jour où l’on va analyser sa création, il dépose tout de même sur mon bureau, une création mathématique.

Comment une feuille blanche, un crayon à papier, une consigne simple et un temps d’échange ont pu transformer autant l’ambiance de travail de la classe ? Les enfants sont heureux, même ceux qui se disent peu compétents.

Quant aux élèves en autonomie, ils produisent peu dans leur cahier. Ils nous écoutent et participent en silence au débat. Finalement, ils sont autant enthousiastes que leurs camarades.

À la fin des séances, je ne peux m’empêcher de remercier mes élèves. Je les remercie de leur créativité, de leur réactivité et surtout de nous faire confiance.

Déborah Dupuy, vendredi 16 mars 2018