Premières impressions au retour d’une visite
ou incitation à l’expression d’une pensée profonde
De retour en classe après une visite, j’invite les enfants à donner leurs premières impressions. Nous sommes installés dans le coin parole (conditions les plus favorables pour l’échange, chacun peut voir tous les autres, pas besoin de se retourner pour parler à quelqu’un). Je dis : « Vous cherchez ce qui vous a le plus plu pendant la visite, une seule chose, et vous allez essayer de dire pourquoi cela vous a plu, ou bien déplu. »
J’explique aussi pourquoi je leur demande de raconter une seule chose : « Nous mettrons tous nos petits textes ensemble et ainsi nous aurons une bonne vision de la visite, à nous tous, nous aurons dit beaucoup de choses. »
Mais un de mes objectifs est que les enfants expriment une sensation, un sentiment, une pensée profonde.
Nous parlons l’un après l’autre, dans l’ordre où nous sommes assis sur les bancs.
Quand un enfant dit par exemple : « J’ai bien aimé l’épée », moi je lui demande pourquoi. Et il répond par exemple : « parce que c’était celle de François 1er ». Je fais répéter la phrase entière par l’enfant. Nous passons au suivant. Si un enfant n’a vraiment rien à dire, nous passons momentanément son tour, il parlera après. Si un enfant dit : « Moi aussi j’ai bien aimé l’épée, mais Luc m’a volé l’idée », alors je lui demande pourquoi lui il a aimé l’épée : « c’est parce qu’elle brillait beaucoup et qu’elle était grande ». Pas de problème, c’est une autre idée avancée.
Parfois des enfants proposent plusieurs choses, je demande toujours de choisir.
Les enfants hésitants du premier tour de parole trouvent souvent une idée en écoutant les autres, cela leur rappelle quelque chose qu’ils avaient oublié. Et pour ceux qui vraiment ne trouvent rien à dire (jamais plus de deux ou trois à chaque fois), tout le groupe se met à les aider : « Mais rappelle-toi, Julien, tu as passé beaucoup de temps à regarder la montre dans la vitrine, on a même dû venir te chercher… », et cela devient : « J’ai bien aimé la montre parce qu’elle était en or, j’en voudrais une pareille. »
J’interviens dans la formulation pour éviter d'avoir vingt fois des « j'ai bien aimé » : « Tu parles de la montre, alors commence ta phrase par la montre. »
Et Julien aidé par la classe de dire : « La montre était en or et j’aimerais bien en avoir une pareille. »
Je suis installée parmi les enfants, alors moi aussi je propose une phrase. Je fais partie du groupe.
Quand tout le monde a trouvé son idée, de nouveau, chacun la dit selon le même ordre de parole mais avec la formulation exacte. Le groupe intervient pour les erreurs ou pour ceux qui ont oublié leur texte.
Quand tout le monde a fini, c’est moi qui travaille. Je me prête à un petit jeu proposé par des enfants un jour que nous pratiquions cet exercice de compte-rendu : je dois répéter toutes les phrases des enfants dans l’ordre. C’est assez difficile quand il y a plus de vingt enfants dans la classe, mais il y a toujours une bonne âme pour me souffler quand j’ai un trou de mémoire !
Chacun va ensuite à sa place, riche du texte qu’il a construit oralement afin de l’écrire. Pour la rédaction des textes, plusieurs méthodes selon le degré d’autonomie des enfants dans l’écrilire :
– J’écris les phrases des enfants et ils recopient. Le temps que je fasse le tour de tous, ils dessinent leur texte, dessins qui illustreront l’album de la visite.
– J’organise une séance d’écriture collective des textes individuels. Chaque enfant doit écrire son propre texte en se servant des outils de référence. Je passe derrière chaque enfant en lui demandant s’il a besoin de mon aide. J’écris les mots qui manquent, je corrige les erreurs. Chaque enfant peut demander l’aide du groupe pour trouver un mot. Le groupe peut aider à trouver le mot dans les outils références ou bien peut expliquer la formation du mot.
– Disposition des enfants par groupes de trois (un expert, un moyen, un faible) et écriture collective des trois textes dans chaque groupe.
Chaque enfant va ensuite taper son texte à l’ordinateur et je mets en forme le produit fini. Ou bien si le temps manque, les enfants viennent me dicter leur texte que je tape.
Chaque enfant reçoit une feuille avec tous les textes, feuille qu’il range dans son livre de vie. Ce grand texte devient un outil de référence mais peut aussi servir de texte d’entraînement à la lecture. (Voir un exemple ci-après)
Monique Quertier, janvier 2005
Nous avons visité le musée archéologique du Val d’Oise à Guiry-en-Vexin.
La tête me fait peur parce que quand je regarde son œil, on dirait un humain. Sophie F.
Le verre m’a étonné. Je voudrais l’acheter pour faire une surprise à maman. Mais je ne peux pas parce que les objets des musées ne se vendent pas. Stéphane
J’aimerais bien avoir une passoire comme celle du musée parce que je la trouve belle. Alison
J’ai regardé la statue. Elle est belle. C’est comme une famille. Soufia
La passoire est jolie, les petits trous sont en forme de fleur. Serge
Au musée, j’ai aimé les passoires parce qu’il y avait des motifs à l’intérieur. On aurait dit qu’une passoire était en or et une autre en argent. Safia
La tête en métal est grosse. Elle a un œil gros. Nathan
La poterie a des dessins. Elle est dans une vitrine. Une autre poterie n’a pas de dessin. Ingrid
Le vase en forme de raisin est beau. Il est vert comme un vase à moi. Pauline
Le verre est très beau parce qu’il a des dessins. Steve
Le poisson est en pierre. Il vivait avant les hommes préhistoriques. Rayan
Le poisson est en pierre. Il est sculpté, le poisson, sur la pierre. Le poisson est beau. Ouided
La pièce gauloise n’est pas comme nos pièces à nous : elle a un serpent et pas de chiffre. Kévin
Au musée, il y a plein de salles. Dans chaque salle, on écrivait le nom de la salle et on cherchait un objet. J’ai vu une dent de mammouth. Issaka
Le poisson était une pierre. Il était sous la terre. Mais je n’ai pas compris comment le poisson était dans la pierre. Bétül
La statuette du dieu Mercure est verte. Elle est belle. Elle est de taille moyenne. Nuray
Moi, ce qui m’a plu, c’est la pierre qui écrase les graines. On la tourne avec un bâton. J’aimerais bien retourner là-bas. Sophie R.
Dans le musée, j’ai vu une dent de mammouth. Elle était si grosse que ça m’a impressionnée. La dent de mammouth était une molaire. Maëva
J’ai vu deux grosses pierres qui ressemblent à une roue. Mais ce n’est pas une roue. Ce sont des pitres qui écrasent les graines. D’abord il faut un gros bâton pour mettre dans le trou du milieu. Il faut un autre bâton pour le rentrer dans un autre trou et après il faut tourner. Mortalla
Il y a des fibules de plusieurs tailles. Elles sont en métal. Elles servaient à attacher les habits. Monique
Les Meuniers ont pu voir au musée des meules qui ont servi à écraser les grains. Lucie (stagiaire en observation dans la classe)
Les Meuniers, lundi 8 février 1999