Pour que vive la Méthode naturelle telle que Paul Le Bohec la mettait en œuvre
Pour que vive la Méthode naturelle telle que Paul Le Bohec la mettait en œuvre

Exprimer ses représentations mentales initiales

Images, représentations, croyances, savoirs…

Premières peintures de l’année : les enfants dessinent des paysages avec maison, arbre, soleil et en haut une bande bleue pour le ciel. Je leur demande toujours de combler l’espace vide. Mais un jour je les provoque en leur demandant : « C’est quoi le ciel ? » et je les invite à se rendre aux fenêtres. Nous sommes au premier étage.
Voici la transcription de leurs observations et hypothèses :

Le ciel, mais il est au-dessus de nos têtes !
C’est bien vrai, les gaulois disaient qu’il allait nous tomber sur la tête.
Pourquoi veux-tu que sur mon dessin, je le descende jusqu’à la terre ? 
Et puis on y monte quand on est mort.
Regarde par la fenêtre, les immeubles sont dans le bleu du ciel.
Oui et quand on est au bord de la mer, au loin le ciel vient toucher la mer…
Alors le bateau qui disparaît à l’horizon, il est avalé par le ciel ?
Ou bien par la mer ?
Quand je vais au bout de la prairie à la campagne, eh bien je ne rencontre pas le ciel, il va encore derrière les arbres et les maisons.
Cela veut dire qu’on est dans le ciel ?
Pas possible, on n’est pas dans du bleu…
Le bleu on le voit au loin.
On est dans le ciel, on ne peut pas le toucher, et on le voit bleu.
Mais alors qu’est-ce que c’est le ciel ?

Conversation pas inutile, elle aura pour certains commencé à modifier des représentations, ils regarderont d’un autre œil les paysages et les tableaux des peintres.

Monique Quertier, 25 novembre 2018

Autre exemple d'expression des représentations mentales

Un jour, une collègue de l'école disposait d'un car pour sortir. Elle avait décidé d'aller au château d'Écouen, musée de la Renaissance. Le car était prévu pour deux classes mais la deuxième classe s'était décommandée au dernier moment. Alors moi toujours prête à sortir, j'ai proposé la visite du château à mes CP. Oui mais un minimum de préparation me semblait nécessaire, il fallait que les enfants aient pu exprimer leurs représentations avant la visite.

« Chouette on va rentrer dans un château.
Dans un château il y a le roi et la reine, on les verra ?
On voudrait voir la chambre du roi et de la reine...
Etc. »

Le jour de la visite, nous nous sommes promenés dans le château, les enfants identifiant chaque pièce en prenant des indices autour d'eux, notamment dans les cartels. Grande excitation quand ils ont réussi à lire « chambre du roi » mais aussitôt après, grosse déception : la chambre était vide, point de lit ! Mais où le roi couche-t-il donc ?

J'avais pourtant prévenu les enfants que le château était devenu musée mais les représentations mentales initiales sont fortes, les enfants s'étant fabriqué des images à partir de tous les récits, contes et légendes, images fortement ancrées. Et vraisemblablement rares devaient être les enfants ayant déjà pénétré dans un château.

Alors après la visite, nous avons débattu autour de ce château devenu musée.

Débat indispensable après la visite pour une nouvelle confrontation des représentations nourries des souvenirs ramenés d’Écouen, château devenu musée.

Monique Quertier, 4 octobre 2017