Pour que vive la Méthode naturelle telle que Paul Le Bohec la mettait en œuvre
Pour que vive la Méthode naturelle telle que Paul Le Bohec la mettait en œuvre

Trouver sa place dans le groupe

Un exemple de forçage de la liberté

Claudie était une petite fille qui « gigotait » toujours. Lorsque nous étions en groupe elle n’avait cesse de bouger dans tous les sens, elle ne restait jamais dix secondes sans changer de position. On peut dire qu’elle avait expérimenté toutes les postures possibles : accroupie, sur le dos, sur le ventre, une jambe sous les fesses... Et quand elle semblait avoir trouvé une position, elle se mettait à jouer avec ses cheveux, ou avec sa robe, ou avec ses doigts... Bref j’avais devant moi comme un mobile en perpétuel mouvement et cela avait la particularité de m’agacer, cela me gênait. Mais je n’osais rien dire, sauf lui demander de temps en temps de rester calme : peut-être était-ce pour elle impossible de rester sans bouger. Alors j’acceptais, je m’efforçais de ne pas la voir, mais c’était dur, je souffrais. De plus il me semblait qu’elle était absente du groupe, ne participant que rarement à nos échanges et ne rebondissant jamais sur les dires des autres. Elle semblait ne s’intéresser qu’à elle-même.

Alors un jour j’ai pris une décision, je lui ai proposé :
« Écoute, Claudie, je te propose quelque chose, je te donne dix minutes pour que tu essaies de trouver la position dans laquelle tu seras la mieux installée pour participer à nos échanges. Passé ce délai, tu ne pourras plus gigoter et si tu continues tu ne pourras plus rester dans notre groupe, tu devras te mettre en retrait parce que tu me gênes et peut-être aussi que tu gênes les autres. »

Mais j’étais très mal à l’aise, n’étais-je pas en train de contraindre par la force, d’atteindre sa liberté, d’abuser de mon autorité, de brimer ? Qu’allait-il se passer ? Il me semblait que je prenais un risque et j’avais peur du résultat.

Eh bien non, Claudie a bien gigoté un moment et puis elle s’est calmé d’elle-même. Par la suite, quelques petits rappels ont dû être faits, mais ils étaient entendus et compris. Claudie n’a pas donné l’air d’avoir souffert de cette contrainte. Mieux, elle a ensuite participé de façon plus nette aux échanges.
Comment analyser ce qui s’est passé ?
Je crois voir deux possibilités, soit Claudie avait un « problème » et elle ne pouvait tenir en place, soit elle n’arrivait pas à trouver sa place dans le groupe et elle cherchait des repères.

Le forçage de la liberté a permis….

Monique Quertier, 2 juin 2017