Pour que vive la Méthode naturelle telle que Paul Le Bohec la mettait en œuvre
Pour que vive la Méthode naturelle telle que Paul Le Bohec la mettait en œuvre

Historique de la démarche de Freinet et de ses compagnons dans l’apprentissage du langage mathématique

De la création mathématique au débat mathématique libre

Dès 1964-65, après plusieurs années de tâtonnements pédagogiques, Paul Le Bohec applique la Méthode naturelle aux mathématiques : il propose à ses élèves de rédiger des créations mathématiques sur un carnet destiné à cet usage. « Une création mathématique, c’est ce que vous voulez à partir de chiffres, de nombres, de lettres, de points, de traits. Ce sera vos textes libres mathématiques. Vous n’aurez qu’à inventer. » Les créations sont écrites au tableau et la classe les examine une à une.

En 1966, Freinet lui demande de publier son « expédition mathématique au CE1 » dans les tout nouveaux Documents de l’Institut. Ce texte sera ensuite réédité dans « Les dossiers pédagogiques de L’éducateur » (supplément au n° 7 d’avril 1969) sous le titre « Première expérience de mathématique libre au CE1 », puis suivi de deux autres parutions dans la même collection en juillet et septembre 1970 intitulées « Un trimestre de mathématique libre au CE2, 1ère et 2ème partie ».

Paul Le Bohec expérimente la Méthode naturelle de mathématique en classe avec des enfants jusqu’en 1969. Puis, suite à une évolution dans sa carrière professionnelle, il continue son expérimentation avec des adultes en animant de très nombreux ateliers de pratique à l’étranger et en France lors des rencontres du Mouvement Freinet et à la demande de groupes de travail de l’ICEM (Institut Coopératif de l’École Moderne). Il intervient également dans les classes primaires. Il écrit un nouveau livre intitulé « Le texte libre mathématique », d’abord publié en 1993 par le groupe Naturellement math de la région parisienne et le groupe départemental 95, puis en 1997 aux éditions Odilon, et ensuite en 2008 aux éditions ICEM.

Son idée est reprise et développée par des membres de l’ICEM de la région parisienne à partir de 1986. Ce groupe collecte les comptes rendus de toute la France pour les regrouper et les publier dans le bulletin Naturellement math.

Depuis sa rencontre avec Paul Le Bohec jusqu’à son départ en retraite, Monique Quertier a pratiqué à temps complet dans sa classe le débat mathématique libre. C’était la principale activité mathématique avec les enfants.

Cependant cette activité ne s’est pas toujours nommée « débat mathématique libre ». Pendant les vingt années de pratique de création mathématique, Monique a appelé son activité : « Séance de création mathématique ». Mais, peu à peu, la terminologie « Création Mathématique » a été utilisée par des membres du mouvement ICEM qui s’inspirant de l’invention de Paul Le Bohec ont fait perdre le sens premier de la démarche en créant le concept de « recherche mathématique », qui, non seulement n’est pas complémentaire à l’invention de Paul Le Bohec mais lui est contradictoire. Paul Le Bohec, quelques jours avant sa mort, a d’ailleurs confié à Francine Tétu, à quel point il était en désaccord avec la « recherche mathématique ». (Texte dicté par Paul le Bohec à Francine Tétu le 5 décembre 2008)

Afin que les personnes intéressées par la démarche de Paul Le Bohec puissent comprendre d’emblée la différence entre les deux démarches, Monique Quertier avec ses compagnons de travail, ont décidé de créer une nouvelle appellation. C’est ainsi qu’est né le Débat Mathématique Libre (DML), chaque mot étant significatif de ladite méthode :

D ébat pour signifier l’importance de la construction du savoir par la créativité dans le groupe,
M athématique parce qu’il s’agit du langage concerné par la méthode développée tout au long de ce dossier,
L ibre pour la priorité donnée à l’expression et à la création de l’enfant dans le groupe.

Maintenant retraitée, elle expérimente une Méthode naturelle de compagnonnage pour aider les collègues en activité à s’approprier et mettre en œuvre le débat mathématique libre :

– animation d’ateliers d’adultes de mise en situation,
– échange de courriels pour répondre aux questions et commenter les comptes-rendus de séances,
– intervention dans les classes pour mener des séances de débat mathématique libre.

Depuis sa création en 2013, le groupe de travail Méthode naturelle Paul Le Bohec se réunit régulièrement et organise des stages au cours desquels une réflexion est menée sur la mise en œuvre de la Méthode naturelle dans les classes ceci par le biais de mises en situations diverses : débat mathématique libre, étude du milieu, écriture collective…