Pour que vive la Méthode naturelle telle que Paul Le Bohec la mettait en œuvre
Pour que vive la Méthode naturelle telle que Paul Le Bohec la mettait en œuvre

La Méthode naturelle de portugais

par Jean Astier


Samedi 23 mars 2024, le groupe départemental ICEM-pédagogie Freinet du Var s'est réuni pour pratiquer et réfléchir à la Méthode naturelle de portugais. J'étais responsable avec Andréa de l'organisation de cette journée. Je souhaitais que ce moment de co-formation soit festif et ne se résume pas à une transmission intellectuelle froide. On apprend mieux dans la joie et la bonne humeur.

J'ai donc adressé aux camarades un ordre du jour précisant :

9h - Retrouvailles
9h30 - Réunion institutionnelle : Nouvelles du front scolaire et de chacun. Vie du groupe et de l'ICEM.
10h30 - Pratique de la Méthode naturelle de portugais. Corrélativement, observation de notre démarche d'apprentissage et théorisation.
12h - Repas. Je prépare une feijoada (plat national brésilien) car l'immersion sera aussi gustative et musicale.
13h30 - Nouvelle séance de pratique du portugais.
15h - Récapitulatif de nos théorisations en vue de l'écriture d'un document à proposer à l'Éduc'Freinet (organe de l'ICEM).
16h - Despedida.

Objectifs

  • Se placer dans une posture d'apprentissage comme les enfants apprenant l'écrilire ou les élèves apprenant une langue étrangère. Se confronter soi-même et en groupe aux problématiques auxquelles nous les exposons. Éprouver les stratégies et les hypothèses émises par nos élèves qui sont les mêmes que celles élaborées par les adultes car enfants et adultes sont de même nature et ont une approche commune des apprentissages et des savoirs : la démarche du tâtonnement expérimental.
  • Être sensibilisé au portugais par une immersion dans la pratique de la langue et d'autres aspects de la culture brésilienne pouvant prendre diverses formes (actualité politique, musique, danse, etc.) de manière à permettre diverses entrées aptes à capter la motivation de chacun selon ses penchants.
  • Mais soyons modestes, cette journée permettra, au mieux, de donner envie, de donner le goût, de donner le désir d'apprendre et de mieux en comprendre le processus.

Pour aller plus loin, Samedi 6 avril 2024, au Pradet, Soirée Carnaval Brésil - Saravâ (www.saravabrasil.com).

Déroulement de l'atelier

Les participantes ont été invitées à écrire une phrase en portugais. Avec Andréa, nous avons corrigé les phrases et demandé aux participantes de réécrire leur texte de manière lisible sur des feuilles de format A3. Les textes ont été affichés, décryptés par le groupe puis lus à haute voix. Une seconde séance a eu lieu. Au cours des lectures collectives, spontanément, les participantes émettaient des hypothèses sur la langue et effectuaient des rapprochements avec leurs pratiques de classe lorsqu'elles ont à faire à des enfants apprenant à écrilire où lors d'enseignement de langues étrangères.


Voici les textes produits :

Première séance

Estou bem hoje !
Aprendendo português corn os meus camaradas !
Estou feliz de estar na casa do joâozinho hoje. Eu, me chamo Pascale. Gostaria de aprender o português um poquinho. Obrigada ! E um dia lindo.
Gostaria de falar um poquinho brasileiro para viajar.
Nâo falo português mas gostaria muito. Como estas ? Tudo bem, obrigada.

Deuxième séance

Bom dia, eu, me chamo Emmanuelle. Gostaria de aprender o português. joâo, tua casa esté linda.
Eu estou contente de estar aqui. Eu estou contente de estar présente aqui. Oi camaradas, estou contente de estar aqui. Bom dia.
Eu me chamo Nadège e me agrada aprender o português mas o esqueci.
A casa do joâozinho nâo esta muito longe da minha casa. Elas estâo na natureza.
Gostaria muito de aprender um poquinho brasileiro : eu viajo !
Eu me chamo Sylvie, é um dia lindo porque eu aprendo um poquinho o brazileiro.
Estou feliz de aprender o português. Viajo no sul do Brasil quando ouço Andréa falar brasileiro e português ; gosto da mûsica da sua linda lingua.
E muioto agradavel de falar brasileiro corn todos os camaradas.
Estou contente de escutar o sotaque brasileiro. Muito obrigado.


En fin de matinée, les amies ont été invitées à venir se dégourdir les jambes en mémorisant une comptine :

Carangueijo nâo é peixe.
Carangueijo peixe é.
Carangueijo so é peixe na encente da maré.
Palmas, palmas, palmas.
Pé, pé, pé.
Roda, roda, roda,
Carangueijo peixe é.

Puis elles ont été invitées à apprendre les pas de danse d'un « Forrô » sur la musique de Falamansa "Oh ! chuva".
https://www.youtube.com/watch?v=Veeu7KSsZ4c


Ensuite,nous sommes passés à table pour partager une feijoada.

Recette :
https://www.marieclaire.fr/cuisine/feijoada,1202341.asp

L'après-midi, nous nous sommes livrés à une troisième séance d'écriture et de lecture de textes libres en portugais :

Depois desta boa comida, uma sesta séria bem vinda !
Nos, aprendemos muito rdpido o português todos juntos.
Podemos viajar no Brasil amanhâ ! Obrigada.
Nâo tenho mais f orne. Comemos bem.
Muito obrigado pela feijoada.
Comi muito.
Gostei da feijoada e de corner corn os meus camaradas.
Viva o metodo natural !
Eu gostei muito do almoço corn vocês todos.
Gostei da feijoada e do ambiente descontraida.
Viva ICEM 83.
Eu adorei corner a cozinha do joâzinho e Andréa. Obrigada !
Hoje, eu viajo ao Brasil sem fazer nenhum kilómetro.
No meu cérebro, viajo.
É uma música, uma cançao que roda, roda, roda. Depois, bate na minhas palmas,
viaja no meus pés. viaja no meu corpo. Viajo fora do meu corpo, viajo fora do meu cérebro.
Viajo fora do mundo.
É azul e lindo. Obrigada.


Rappel de la démarche

Étape 1 : Écrire une phrase dans ce que l'on imagine être du portugais.
Les animateurs viennent corriger et demandent ce que l'on a voulu écrire. On recopie sans erreur sur une grande feuille (A3) au marqueur et on affiche.
Ensuite on traduit chaque phrase et on la répète de manière chorale après l'enseignante.

Étape 2 : Chacun réécrit une phrase en se servant du référentiel affiché. L'enseignante corrige et on recopie à nouveau sur une feuille que l'on affiche.
La démarche est ensuite la même, on traduit chaque phrase et on fait les répétition.

Remarques

La démarche est similaire à celle utilisée lors du débat mathématique.
Brigitte dit que c'était plus difficile car on part de rien tandis qu'en maths on a forcément quelques connaissances.
Andréa dit qu'il y a plus de liberté en maths.
Brigitte : J'ai fait de l'allemand et de l'anglais donc j'ai l'impression de ne partir de rien. Jean m'a parlé du latin et ça m'a débloquée.
Marie : La posture de l'animateur est importante.
Pascale : Quand il a parlé du latin ça m'a aidée car je n'ai appris aucune langue vivante latine.
Brigitte et Sylvie : J'ai trouvé que c'était plus dur de se lancer, comme dans un texte libre.
Andréa : En apprenant le Finnois en méthode naturelle avec Paul Le Bohec, nous partions de rien de connu mais dans un groupe de confiance, cela va assez vite.
Brigitte : Une fois qu'on a fait le premier tour, j'ai été débloquée.
Marie : Cela m'a rassurée que celui qui sait vienne me corriger et que ça soit écrit directement.
Brigitte : En Méthode naturelle il faut un guide, quelqu'un qui sait.
Pascale : Une expérimentation a été faite avec un prof qui ne maîtrisait pas sa matière.
Jean : Il s'agit peut-être de l'expérience de Jacotot rapportée par Jacques Rancière dans Le maître ignorant.
Anne : J'ai fait avec des CM1 des textes libres en anglais et cela a très bien fonctionné. Grâce aux phrases fabriquées par les élèves, j'ai créé des petits mémos, donc ils ont eu ça en support pour la suite.
Marie : On pourrait transférer pour l'enseignement de la langue en français.
Brigitte : C'est exactement la Méthode naturelle de lecture. Tu leur dis : « Écris une phrase, les mots que tu ne connais pas tu fais un trait et j'écrirai ce qui manque. » Chaque fois qu'un enfant apprend un mot nouveau, il le met dans la banque de mots. Ensuite quand ils veulent écrire, ils se servent de la banque de mots. Puis on découvre la grammaire en accordant les mots, les conjuguant etc. En maternelle c'est le même principe et on peut partir de dessins.
Jean : Qu'est-ce qu'on peut faire de ces phrases écrites ? Les mettre dans un classeur ? Un porte-vue ?
Brigitte, Anne, Sylvie : On peut faire un livre gardé dans la classe.
Brigitte : Les textes, c'est bien de tous les afficher dans la classe pendant qu'ils écrivent. Mais faire un petit recueil en classe est intéressant comme référentiel pour la classe ou pour chaque enfant. Des mémos en fonction de ce que les enfants ont observé en conjugaison, en grammaire, du vocabulaire, qui sert de support lors des futures productions.
Jean : Ça peut paraître dans le journal de classe.
Marie : Ça leur parle car c'est écrit par des enfants. Les enfants adorent relire les textes écrits par la classe.
La posture de l'enseignant a été débloquante.
Cest intéressant la dimension de l'individuel et du collectif : la lecture du texte des autres apporte une émotion, qui nous change.

Jean conseille de lire Une grille sur un ski (Éditions ICEM), où Paul Le Bohec, adulte, s'observe en train d'apprendre à skier. Il est disponible dans la bibliothèque du groupe. Brigitte peut prêter le sien.

Nous avons terminé la journée en chantant :

Tristeza

Tristeza
Por favor Va embora
Minha aima que chora
Esta vendo o meu f im
Fez do meu coroçao a sua moradia
Jâ é demais o meu penar
Quero voltar àquela vida de alegria
Quero de novo cantar.

https://www.youtube.com/watch?v=dYsId1MNwcc